Passons les deux heures de retard du train, la passivite exasperante du guichetier du tourist office, l’abondance de rickshaws wallahs qui font de l’arnaque un sport national et evoquons le coeur de la vieille ville qu’on appelle le Chowk. Cette partie de la cite est un enchevetrement de ruelles si escarpees et si etroites qu’eviter un rat, meme a l’agonie, est impossible. Il y regne une atmosphere particuliere, on oscille entre etouffement et oppressement. Nous avons ete rapidement suivies par un homme aux yeux vitreux qui s’evertuait a vouloir nous accompagner jusqu’a la guest-house. Premiere grosse colere dans les rangs et constat de l’incapacite d’intervention chronique des policiers indiens. Mieux vaut compter sur les proprietaires des guest-houses pour assurer sa tranquillite.
Varanasi est une des plus vieilles villes de l’Inde. Les batisses belles mais decrepies temoignent d’une histoire riche et mouvementee.
Ici, comme dans tout le reste de l’Inde tout est use, abime. On se dit alors que le lieu serait encore plus beau s’il etait restaure et entretenu.
Notre vision europeenne est encore tenace. Nous regardons l’Inde comme un lieu ou les possibles ont ete arretes dans leur élan mais l’Inde est un pays qui s’envisage avec l’idee constante que l’eternite est le seul et essentiel possible.

Ce matin, a l’aube, nous sommes allees a la rencontre de ce peuple adorateur de dieux a la peau bleue. Nous avons vogue pour regarder les ablutions. Il y avait quelque chose de genant a penetrer dans cette intimite. Nous avons tente de nous rassurer en nous disant qu’en Inde la notion d’intimite est inexistante. C’est alors davantage la peur de manquer de respect a tous ces pelerins qui nous a inquietees. Puis, il faut l’avouer le sentiment d’etre revenues a l’image du touriste de base etait reductrice. Nous avions certes laisse nos appareils photo a la guest-house, mais quand meme… Nous n’avons pas regretter pour autant car les ablutions matinales aident a mieux comprendre un peuple dont les rites parfois nous echappent.
A present que dire du Gange si ce n’est que ce fleuve est a l’image de l’Inde: contraste.
On y croise des corbeilles de fleurs melees aux animaux gonfles d’eau sacree. Varanasi est le point de rencontre entre la vie et la mort. La vie s’agite au bord des ghats, la mort vogue sur l’eau.

Dans l'hindouisme, c’est ici qu’il faut mourir pour esperer atteindre le nirvana, c’est donc un lieu sacre de cremation.
A la tombee de la nuit, on peut voir au loin les buchers reduire en cendres les cadavres.
Il faut savoir que le bois coute cher c’est pourquoi seuls les plus riches peuvent s’assurer une parfaite cremation. Les plus pauvres ne seront que partiellement brules, les vautours survolant le Gange se chargeront du reste.
Les Sadhus, les nouveaux-nes, les vaches sont deposes a meme le fleuve car en Inde la cremation a un objectif purificateur or a quoi bon bruler ce qui est déjà pur?

La configuration du Chowk et l’incroyable effervescence de Varanasi nous a poussees a prendre un chauffeur pour visiter les lieux incontournables de la ville et de ses environs. Nous avons ete prises en charge pour la premiere fois et il faut bien avouer que c’etait agreable.
Nous avons visite pele-mele:
- le Dunga Temple, un des plus anciens temples de la ville
- le Manas Mandir, temple recent et kitch
- le pole universitaire
- Le Monkey Temple ou nous avons toutes donne a manger a des singes peu farouches
- Ramnagar Palace, palais poussieurex du Maharadja de Varanasi, vestige d’un passé proche fastueux
- un temple bouddhiste a Sarnath.

Une journee bien occupee tout au long de laquelle nous avons seme des biscuits comme des Petits Poucet mais c’est moins le chemin de la maison que nous recherchions que celui de notre bonne conscience. L’Inde c’est aussi la misere, la mendicite, les regards troublants d’enfants crasseux devant lesquels il est impossible de rester indifferent. A defaut d’enrichir un systeme, nous aurons rempli des ventres. Trois enfants dormaient a poings fermes, nous esperons qu’a l’heure qu’il est ils se rejouissent d’avoir trouve un paquet de biscuits sur leur matelas de fortune.
Nous avons fini par faire un tour dans le Chowk ou nous nous sommes bien sures perdues! C’est après une deambulation bien agreable que nous avons fini par retrouver le chemin de la guest-house.
Nous avons change de chambre, celle d’hier etait convenable mais on a ressenti le besoin d’avoir notre propre salle de bain. De plus ce nouvel espace donne sur le Gange c’est donc un peu de reve qu’on s’offre. Nous avons fini par echouer sur la terrasse ombragee de notre guest-house pour nous prelasser. La farniente est une activite ou nous excellons!
Ce soir, si le courage ne nous abandonne pas, nous irons nous promener le long des ghats ou se deroulera le Puja, ceremonie du culte du Gange au cours de laquelle s’elevent les chants sacres et a lieu l’offrande de la lumiere au fleuve.

L'art de faire la vaisselle en Inde
Demain sera une journee entierement consacree au repos de l’ame et du corps! Nous repartons pour Delhi dans la soiree. Ce sera notre dernier long voyage en train.
Balade au coeur du chowk
Elle etait facile celle-la!

Clin d'oeil pour Bebert!

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